Chapitre 14

Pov Tom

Deux jours sont passés depuis notre après-midi au parc. Aujourd'hui mon père est censé rentrer. Et à vrai dire, on ne s'est pas vu depuis la rentrée scolaire. Pour l'instant , je suis toujours dans mon lit, mon ipod sur les oreilles et j'attends. J'attends je ne sais pas trop quoi. Il est midi passé et il faudrait peut être que je me lève. Du moins manger un truc parce que je commence sérieusement à avoir faim. Bon allez je prends mon courage à deux mains et...debout.

Bon maintenant douche ou nourriture ? Nourriture sinon je meurs. Je descends dans la cuisine et ouvre le frigo. Alors... le lait, où est le lait ?! Mon dieu y' a pas de lait. Mais je vais déprimer. Il me faut ma dose de lait pour aller bien. Je cherche encore mais rien. Bon bah je vais voir à la cave. Je prends la clé accrochée à côté du frigo et descends les escaliers. Ahhh mon lait t'es là. Tu sais que je t'aime toi. Je remonte dans la cuisine et me sors un bol, du pain de mie et le nutella avec la ferme intention de me faire mes 5 tartines quotidiennes. Bah oui le matin j'ai faim.

Une fois m'être bien rempli le ventre, je cours à la douche. La sensation d'être tout collant dû à la transpiration est quelque chose que je ne supporte tout simplement pas. J'ouvre le robinet et règle tout comme il faut pour que la température de l'eau soit exactement comme j'aime. Ni trop froid, ni trop chaud. Je commence par attacher mes dreads quand je me rends compte que ça fait un moment que je n'est pas pris soin d'elles. L'avantage d'être seul chez soi, c'est que vous n'avez personne dans votre dos pour vous dire de faire attention à l'eau, de faire des économies ou encore d'arrêter de rêvasser. Je peux rester autant de temps que je veux sans avoir de reproche. Le paradis. Finissant avec mes réflexions, j'applique mon soin. En attendant que ça agisse, je me savonne avec mon gel douche à la vanille. Pourquoi vanille je sais pas. M'enfin c'est pas bien important. Une fois après avoir enlever toute la crasse sur mon superbe corps, je me place sous le jet de façon à se que l'eau percute ma nuque, détendant ainsi tous mes muscles. Ayant au préalable mis a coté de la douche une grande serviette, je l'enroule autour de ma taille et pars en direction de ma chambre en prenant bien évidement mon lait pour le corps. On pourrait croire que j'en fais des tonnes pour un garçon, mais ne rêvez pas, on a rien sans rien et tous ceux qui sont magnifiques en vous affirmant qu'ils ne font rien pour sont des menteurs ! J'entends la porte claquer, je cours au salon et vois mon père dans l'entrée, le sourire aux lèvres. Je me fais violence pour ne pas lui sauter au cou, je sais que les marques d'affection ne sont pas de son genre.

Jörg : Bonjour Tom.
Tom : Salut Papa ! Comment ça va ?
Jörg : Bien bien. Et toi ? Ton école ? Les cours, tu t'es fais des amis ?
Tom : Bah les cours c'est les cours hein. Sinon oui j'ai des amis formidables. On a même créé un groupe de musique. Oh lala j'ai tellement de choses à te raconter si tu savais !
Jörg : Oh et comment s'appelle ton groupe ?

Tiens c'est vrai on a même pas trouver de nom pour le groupe. Il faudra que j'en parle aux autres.

Tom : Euh on a pas encore décidé ça, par contre on a déjà 3 chansons.
Jörg : Et vous êtes combien dans votre groupe ?

Il s'intéresse vraiment à mon groupe ? Sérieusement ? Je crois qu'il ne mesure pas l'importance que ses questions ont pour moi. Elles me montrent que mon père veut connaitre un peu ma vie, qu'il n'est pas totalement indifférent à son fils.
Un immense sourire prend forme sur mon visage.

Tom : Alors on est 4. Il y a Georg qui est le bassiste, Gustav qui est le batteur et Bill qui est le chanteur et celui qui écrit les paroles. Et puis y'a Margaux et Laura, elles ne font pas partie du groupe mais on reste tout le temps ensemble. Mais tu verrais papa comme Bill est doué pour écrire des paroles et il a une voix...
Jörg : Bon oui j'ai compris. Et sinon les filles dans ce lycée, elles sont comment ?
Tom : Euh.. bah.. Comment dire.. Tu vas trouver ça drôle mais je m'en fiche un peu à vrai dire.
Jörg : Tu n'as pas ramené de filles à la maison depuis notre déménagement ?!
Tom : Euh non.
Jörg : Tu sais, faut profiter de la vie Tom, amuse-toi. Tu sais, moi à ton âge...

Je ne prends même plus la peine de l'écouter. Pourquoi ça l'intéresse tant de savoir si je ramène ou non des filles à la maison ? Deux mois que l'on ne s'est pas vus et la seule question qui l'intéresse c'est " Alors mon grand, tu baises bien dans cette ville ?" . Mon sourire disparait aussi vite qu'il est apparu.

Mon père était à mon âge, un chaud lapin. Le mec populaire par excellence : beau goss, une apparence et une prestance irréprochable, une grande confiance en soi. Bref il avait toutes les filles et même certains mecs à ses pieds. Alors il prenait et il jetait, tel était son crédo. Il m'a vite fait comprendre que je devais suivre ses traces et c'est ce que j'ai fait, je suis devenu Tom, LE Tom Kaulitz. Après tout ça ne me gênait pas plus que ça, j'y trouvais mon compte: du plaisir et aucune attache.

L'absence d'amour paternel, ou d'amour tout court puisque ma mère ne vit pas avec nous, m'a toujours empêché de lier de vrais liens avec qui que ce soit. Je ne me suis attaché à personne, et n'ai laissé personne regarder derrière ma carapace. Mais en venant vivre ici, beaucoup de choses on changé et je me suis rendu compte de ce qu'était l'amitié, le bonheur. En peine quelques mois ma vision des choses, du monde et du genre humain a totalement été transformée. Moi qui pensait les gens faux et incapables de gentillesse, j'ai découvert la générosité, la compassion, l'honnêteté et la joie que peuvent nous apporter les autres. Alors oui, je me suis ouvert, j'ai laissé quelques sentiments m'assaillir, je me suis laissé aller à l'attachement, je porte désormais dans mon coeur ces quelques personnes appelées Laura, Margaux, Gustav, Georg et Bill, et je suis conscient qu'en ayant laissé une petite brêche ouverte dans ma forteresse de protection j'ai aussi prit un gros risque, celui de perdre, de souffrir.

Mais je n'ai jamais rien eu à perdre, rien qui ne me tenait réellement à coeur. Maintenant si, j'ai enfin trouvé des personnes qui comptent réellement pour moi, qui donnent un sens à pas mal de choses et je ne supporte pas voir mon père les tourner en dérision pour me rappeler mes vieux démons.


Jörg : Bon mon grand je repars dans 5h pour le boulot, tu..
Tom : Quoi ?! Non mais tu déconnes là ?! Tu viens juste de rentrer et tu me sors que tu repars dans 5h ?! Ca fait presque 2 mois que je ne t'ai pas vu et tu te casses !

Mon ton est dur, presque vulgaire même, je ne m'en tiens pas rigueur. Seule ma colère dirige mon cerveau.

Jörg : Tom je...
Tom : Non c'est bon c'est moi qui me casse.
Jörg : Tu vas où ?
Tom : Comme si ca t'intéressais.. Chez Bill, au moins lui, il est là pour moi !

Je prends ma veste, mes clé et claque la porte. Bordel c'est vrai quoi. Je le vois presque jamais et il trouve encore le moyen de repartir pour son foutu boulot de merde. Si c'était pour rester à peine 2h il n'aurait pas dû revenir. Vous allez me dire que c'est grave de penser ça mais c'est la vérité.

Tout au long du chemin me reviennent les horribles souvenirs de ces nuits bien trop noires où je le voyais passer la porte dans la pénombre, m'adressant un dernier signe de la main avant de disparaître pour quelques mois. Et je me rappelle cette chanson que j'écoutais chaque soirs de ses départs sans aucune honte et sur laquelle je déversais silencieusement mes larmes sur mon oreiller, seul dans cette maison décidément bien trop grande pour une seule personne, un seul garçon.


J'arrive devant chez Bill. J'espère que je ne vais pas le déranger. Je sonne et attends qu'il vienne. Faite qu'il soit là.

Bill : J'arrive.

La porte s'ouvre sur la personne la plus adorable de la terre.

Bill : Tom ? Bah qu'est ce que tu fais là, ton père devais pas revenir ?
Tom : Si justement, il...
Bill : Attends rentre on sera mieux et je veux que tu m'expliques tout.
Tom : Ok

Je souris et le suis à l'étage. Deux mots, deux mots seulement avant qu'il ne comprenne que ça n'allait pas, avant qu'il ne cherche à me réconforter. Je crois qu'en ce moment d'abandon paternel rien ne pourrait me faire plus plaisir. J'ai une envie folle de le prendre dans mes bras, de le serrer aussi fort que je peux pour le remercier encore et encore d'être là, de dire et faire toutes ces choses que mon père ne m'a jamais données. Je rentre et m'assois sur son lit, quant à lui, il prend la chaise de son bureau et s'assoit en face de moi.

Bill : Raconte.
Tom : Mon père est rentré, m'a posé exactement 3 questions, m'a clairement fait comprendre que c'est dans le sexe que je pourrais trouver l'amusement dont j'ai besoin puis m'a annoncé qu'il repartait dans 5h..
Bill : Et pourquoi t'as pas passé la journée avec lui si il repartait ?
Tom : Parce que j'en est marre BORDEL!
Bill : Tom calme-toi s'il te plait. J'y suis pour rien alors arrête de me gueuler dessus !
Tom : Désolé..

Mon ami retrouve son sourire plein de tendresse et d'attention.

Bill : Continue..
Tom : Il n'a jamais été vraiment présent dans ma vie. Depuis le divorce de mes parents, c'est à dire depuis que je suis né, j'ai été plus souvent chez mes grands parents que chez moi. Il était là que quand il avait besoin de moi. Et puis j'ai grandi et j'ai décidé que je pouvais rester seul à la maison à condition que mon père me donne de l'argent pour que je puisse vivre. Je crois que le pire c'est que je le vois à peine pour les fêtes, les moments que l'on est censés passer en famille avec les gens qu'on aime. Tu vois, il est tellement occupé par son boulot qu'il en oublie presque mon anniversaire. En 2 mois il m'a appelé, quoi, 3 ou 4 fois pas plus. Quand il est arrivé je pensais passer quelques jours avec lui. Quoi de plus normal.. ?
Bill : T'as jamais essayé de lui en parler ?
Tom : Quand veux-tu que je lui en parle, il est jamais là. Et puis ça servirait a rien. Je le sais.
Bill : Mais tu peux pas resté comme ça.
Tom : Bill ca fait cinq ans que je suis comme ça. C'est pas à dix-sept ans que ça changera.
Bill : Et qu'est-ce que tu vas faire ?
Tom : Je sais pas trop. J'ai pas envie de le voir. Je vais peut-être trainer dans le parc avant de rentrer.
Bill : Tu...tu veux pas plutôt...dormir..là ?
Tom : Non je veux pas déranger.
Bill : Déranger qui ?! Si je te le propose. Allez tu t'installes là. Je vais juste prévenir ma mère que tu manges avec nous.
Tom : Mais attends j'ai même pas d'affaires.
Bill : Tu vas pas chipoter sur des affaires surtout pour dormir. Je peux te prêter un boxer et un bas de survêtement hein.
Tom : .....
Bill : Bon bouge pas.

Pov Bill

Je descends rejoindre ma mère dans le salon

Bill : Maman, Tom reste manger et dormir, ça dérange pas hein ? Tu nous appelles pour manger ?
Simone : Euh oui mais en quel honneur reste-t-il ?
Bill : De un parce que c'est un ami et de deux il a eu une grosse dispute avec son père bref je t'expliquerai plus tard mais Tom est vraiment pas bien et je veux pas qu'il traine dans la rue juste parce qu'il ne veut pas voir son père.
Simone : D'accord je vous appelle.
Bill : Merci t'es géniale.
Simone : Je sais, je sais.

Je lui fais un bisou sur la joue et monte les marches deux par deux pour rejoindre Tom. Il s'est allongé sur le lit, les bras derrière la tête en regardant le plafond. Je m'assois à côté de lui. Il tourne le regard vers moi et me sourit. Je déteste le voir comme ça, je déteste son père de le mettre dans cet état, de le faire souffrir. C'est un garçon tellement gentil, drôle, intelligent.. Son père ne mérite vraiment pas un fils pareil !

Bill : Ma mère nous appelle pour le diner.
Tom : C'est gentil. T'es sûr que je dérange pas ?
Bill : Tom arrête.

Mon ton est catégorique, aucune rébellion n'est possible et il a fermement compris que le sujet est clos.

Tom : Ok, ok..... Bill, tout à l'heure quand j'ai parlé du groupe il m'a demandé si on avait un nom.. Il faudrait en trouver un tu crois pas ?
Bill : Si évidemment. Mais je pense que se serait plus raisonnable d'attendre les 2Gs pour ça.
Tom : Oui. On leur en parle la prochaine fois qu'on les voit ?
Bill : Oui !
Simone : LES GARÇONS VENEZ MANGER.
Bill : ON ARRIIIVVEE.

[...]

Pov Tom

Sa mère nous a fait des pizzas. Le début du repas était aussi silencieux qu'un cours de yoga. Remarquant mon malaise, Bill s'empresse de lancer le sujet sur notre groupe et le lycée en général. Je me détends un peu, j'adore ce mec ! Je propose mon aide à Simone pour débarrasser mais elle me dit de monter avec Bill de son air maternel et affectif que je la vois souvent arborer.

Souvent je me dis que c'est une mère extraordinaire et me demande si la mienne aurait été pareil vis à vis de moi. Autant que Simone l'est vis à vis de son fils, débordante d'amour. Rien qu'en voyant le fils on ne peut qu'imaginer l'éducation que la mère a fournit et l'admirer à son tour.

Je me rassois sur le lit et regarde Bill prendre des draps propres pour les mettre sur la chauffeuse.

Bill : Alors toi tu prends mon lit et moi la chauffeuse.
Tom : Non moi je prends la chauffeuse et toi tu gardes ton lit et tu discutes pas.

Je me lève, lui prends les draps des mains et les place correctement.

Bill : Tu veux quoi pour dormir ?
Tom : Je garde mon boxer ca suffira, merci.
Bill : Ok
.
Il me dit qu'il va dans sa salle de bain pour se changer. J'en profite pour en faire autant. Une fois en boxer je me glisse sous les draps. Bouhh c'est froid ! Bill sort de la salle de bain en bas de survêtement et éteins la lumière. Je crois qu'on est tous les deux fatigués.

[...]

Cela fais exactement 2h et 14 minutes que j'essaie de dormir mais en vain, comme quoi la fatigue n'est pas le seul facteur de notre départ au pays des rêves. Je me tourne et me retourne. J'ai reçu 3 appels en absence de mon père. Pour une fois il mettra pas 2 mois pour m'appeler 3 fois. Je me demande si Bill dort.

Bill : Tom tu dors ?

Tiens quand on parle du loup.. Je souris.

Tom : Nan. Ca fait 2h que j'essaie de dormir.
Bill : Pareil.
Tom : ...
Bill : ....
Tom : Bill j-je peux...venir avec...toi ?

Un silence suit ma phrase, mais pas un silence gêné, simplement une absence de mots que je sais retardés par un sourire qui a prit possession de ses lèvres.

Bill : Oui viens.

Depuis l'épisode du train fantôme Bill et moi on est, comment dire, plus proches. Il soulève les couvertures et je me glisse à côté de lui. Sa chaleur corporelle me réchauffe tout le corps.

Tom : T'es sûr que je te dérange pas hein ?
Bill : Tom arête de demander toujours si tu déranges, ça m'énerve ! Et puis c'est un lit double alors y'a de la place.
Tom : Désolé..
Bill : Et non d'une pipe arrête d'être désolé !

On rit ensemble. Je me met sur le coté, face à lui. Malgré la noirceur de la pièce je peux imaginer ses pupilles me fixer. On est tellement proches que je peux sentir son souffle contre mon visage.
Je me rapproche un peu plus de lui, mettant ma tête sur son oreiller, passe ma main autour de sa taille et lui colle un baiser sur le front en lui soufflant un merci. Il se colle à moi en nichant sa tête dans mon cou.

Bill : Bonne nuit
Tom : Bonne nuit.

Et c'est comme ça que je rejoins Bill, là où Morphée est roi.